Une application mobile basée sur l’intelligence artificielle vient d’être lancée en Asie pour aider les agents des douanes à identifier les espèces de requins et de raies commercialisées en toute illégalité. Fruit d’une collaboration entre Microsoft, Conservation International et le Conseil des parcs nationaux de Singapour (NParks), Fin Finder a pris en compte les conseils et les données de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES).
L’application peut identifier avec précision 35 espèces de requins et de raies à partir de la forme de leurs ailerons. Quatorze de ces espèces figurent à l’Annexe II de la CITES : leur commerce international est donc strictement réglementé et soumis à certaines conditions.
On compte environ 1 000 espèces de requins et de raies dans le monde, plus de 30 d’entre elles étant inscrites à l’Annexe II de la CITES et faisant donc l’objet d’un commerce réglementé. Plus de 160 000 kg d’ailerons d’espèces de requins et de raies inscrites aux Annexes de la CITES sont arrivés à Singapour entre 2012 et 2020[1]. Conformément à la procédure actuellement en vigueur, les agents des douanes doivent extraire les nageoires de chaque envoi afin de procéder à des tests ADN et identifier l’espèce. Cette opération peut prendre jusqu’à une semaine en moyenne.
La nouvelle application, Fin Finder, optimise ce processus en permettant aux agents des douanes de prendre des photos des ailerons. L’algorithme de l’application, basé sur l’intelligence artificielle, compare alors ces photos à une base de données de plus de 15 000 images d’ailerons de requins et de raies. En quelques secondes, l’intelligence artificielle de l’application va permettre, avec rapidité et précision, de procéder sur le terrain à l’identification visuelle des espèces de requins et de raies et donnera aux agents la possibilité de signaler rapidement les expéditions d’ailerons suspectes en vue de procéder à des tests ADN.
La nouvelle application permettra aux agents des douanes d’identifier rapidement les espèces et leur permettra de savoir si un permis CITES est nécessaire au commerce international d’un spécimen donné. Ce renforcement de leurs capacités contribuera de manière significative aux efforts visant à mettre un terme au commerce illégal des ailerons de requins et de raies, très répandu.
Ivonne Higuero, Secrétaire générale de la CITES, a déclaré : « Pour s’assurer que le commerce international est conforme aux dispositions de la CITES, la première étape consiste à identifier les espèces commercialisées, un processus parfois difficile. Dispositif précieux et innovant pour l’identification des ailerons, Fin Finder vient s’ajouter à d’autres outils tels que iSharkFin. L’application donnera aux agents des douanes et aux agents chargés de la lutte contre la fraude un outil facile à utiliser, grâce auquel nous pourrons continuer à veiller à ce que le commerce international des espèces inscrites à la CITES reste durable, légal et traçable. »
Outre l’identification des ailerons de requins et de raies faisant l’objet d’un commerce illégal, les agents singapouriens de NParks utiliseront Fin Finder comme un répertoire unique des espèces de requins et de raies. Avec cette application, les agents disposeront également sur le terrain d’un accès à des documents de référence, qu’ils pourront utiliser pour valider les permis ou les documents d’expédition approuvés par la CITES. Cette fonctionnalité devrait réduire le temps et les efforts consacrés à la validation des envois, permettant ainsi aux agents d’aider à mettre fin plus rapidement au commerce illégal d’espèces sauvages.
Le Dr Adrian Loo, directeur du groupe de gestion des espèces sauvages de NParks, a déclaré : « Lorsque les espèces sauvages font l’objet d’un commerce illégal, les conséquences sont considérables pour les écosystèmes, les économies et les communautés du monde entier. La création de Fin Finder s’appuyant sur une technologie de pointe, nous pouvons améliorer la lutte contre le commerce illégal des espèces de requins et de raies, en conformité avec la CITES, et renforcer les capacités de Singapour en matière de conservation de la biodiversité, si précieuse. Notre collaboration avec Microsoft et Conservation International renforce également l’importance des efforts collectifs déployés par le secteur public et le secteur privé dans la lutte contre le commerce illégal d’espèces sauvages. »
[1] Base de données CITES sur le commerce (https://trade.cites.org/)