Le Programme MIKE de la CITES MIKE montre une baisse continue du braconnage des éléphants dans certaines zones d'Afrique

Mise à jour le 24 novembre 2020

Genève, Nairobi, 10 novembre – Le rapport annuel du programme CITES pour le suivi de l'abattage illégal d’éléphants (MIKE) a été publié, analysant l'évolution sur le continent dans son ensemble et au niveau régional de la proportion d'éléphants abattus de manière illégale, d'après les données recueillies sur les sites MIKE en Afrique (1).

En 2020, les données relatives aux carcasses d'éléphants détectées au cours de l'année précédente (2019), sur 58 sites MIKE des 30 aires de répartitions de l'éléphant d'Afrique, ont été rassemblées.

MIKE Programme Logo

Grâce aux données transmises par les patrouilles de gardes, le programme MIKE contrôle l'évolution des taux de braconnages d'après la Proportion d'éléphants abattus illégalement (PIKE). La PIKE est l'indice de pression de braconnage, mais il est important de tenir compte du fait qu'il puisse être influencé par d'autres facteurs comme la qualité des données, le choix non-aléatoire des sites MIKES, le taux de signalement, les probabilités de détection des carcasses, et la variable des taux de mortalité naturelle à travers les différents sites MIKE - y compris l'augmentation de la mortalité naturelle liée à la sécheresse et autres catastrophes.

Le jeu de données utilisées pour cette nouvelle analyse des tendances de la PIKE en Afrique se compose de 20 712 entrées de carcasses d'éléphants signalées entre 2003 et 2019.

L'analyse de la PIKE en Afrique montre globalement une augmentation entre 2003 et 2011, et une baisse entre 2011 et 2019. La tendance des estimations de l'inférence bayésienne non-pondérée (GLMM) de la PIKE (MM.P.uw), la nouvelle méthode recommandée par le Groupe technique consultatif MIKE-ETIS, montre qu'il y a assez de preuves pour confirmer une tendance à la hausse (augmentation de la PIKE) entre 2003 et 2011 et une tendance à la baisse (baisse de la PIKE) entre 2011 et 2019. L'estimation de la PIKE à l'échelle du continent pour 2019 est de 0.41 (la PIKE à l'échelle du continent était de 0.54 en 2018). Au cours des cinq dernières années (2015 à 2019), l'estimation non-pondérée de la PIKE à l'échelle du continent montre une tendance à la baisse avec un taux de certitude de plus de 95%.

PIKE Estimates 2019
Image : Tendances de la PIKE en Afrique d'après la nouvelle méthode Bayésienne GLMM avec résultats non-pondérés (MM.p.uw) par estimation de populations d'éléphants. La marge d'erreur ou l'intervalle de confiance montre la fourchette d'incertitude des estimations annuelles de la PIKE

Bien que l'analyse suggère une baisse globale du braconnage des éléphants en Afrique depuis 2011, on note des différences régionales importantes : sur les sites MIKE d'Afrique de l'est et australe,  qui ont fourni la majorité des données et où se trouvent le plus grand nombre d'éléphants d'Afrique, les tendances étaient semblables en intensité et amplitude, et il est fort probable que ces deux régions contribuent de manière disproportionnée à la tendance à la baisse du continent dans son ensemble, et soient essentiellement déterminantes dans la tendance observée à l'échelle du continent.

Il convient de noter que la tendance en Afrique australe reste relativement stable entre 2015 et 2017, avant de baisser à partir de 2018 puis 2019. L'analyse des données pour 2020, qui seront transmises en 2021, indiquera si cette tendance à la baisse se maintient dans la région.

Tout indique une tendance à la baisse de la PIKE entre 2011 et 2019 en Afrique de l'est. Entre 2012 et 2015, la courbe de la PIKE en Afrique de l'est a peu évolué, suivie par deux années de tendance à la baisse jusqu'en 2017. D'après les résultats du programme MIKE sur les années précédentes, la tendance de la PIKE dans la région d'Afrique de l'est a baissé en 2017, principalement du fait d'un nombre plus élevé de morts naturelles sur les sites MIKE du Kenya, dues à une sécheresse sévère. La PIKE peut être influencée à la baisse si le nombre total de carcasses recensées est élevé du fait de conditions environnementales défavorables, comme la sécheresse. Avec des conditions environnementales moins difficiles, la tendance de la PIKE en 2019 ne semble pas pouvoir être attribuée à l'augmentation de la mortalité naturelle liée à ce type de facteurs extérieurs.   

L'analyse de tendance pour l'Afrique centrale montre que la tendance de la PIKE a augmenté entre 2003 et 2011 et s'est maintenue à un niveau élevé jusqu'en 2019. Pour l'Afrique de l'ouest, l'importante contribution du nombre total de carcasses d'un seul et même site (Réserve de biosphère de la Pendjari, au Bénin) sur les 16 sites MIKE, rend difficile la mise en évidence d'une tendance régionale globale.

L'impact de la COVID-19 sur la conservation des espèces sauvages est préoccupant, en particulier en ce qui concerne la capacité des agents de protection des espèces sauvages à sécuriser et préserver efficacement les zones protégées. L'analyse des données MIKE collectées au cours de l'année 2020 et des années suivantes permettra de mieux suivre et comprendre les possibles répercussions de la pandémie.

En plus de l'analyse de tendance, le programme MIKE de la CITES réalisera une analyse des covariables en amont de la prochaine session de la Conférence des Parties, en 2022, qui évaluera la corrélation entre différents paramètres et les niveaux et tendances de la PIKE.  

L'analyse de tendance de la PIKE dans ce dernier rapport MIKE se base sur une méthode différente de celle utilisée pour réaliser les rapports présentés aux trois dernières sessions de la Conférence des Parties (2013, 2016 et 2019) ainsi que les cinq sessions précédentes du Comité permanent de la CITES (2012 à 2018). Jusqu'alors, les tendances de la PIKE avaient été calculées en se basant sur les moyennes marginales estimées (LSmeans) d'un modèle linéaire pondérées par le nombre total de carcasses.

En septembre 2019, le secrétariat de la CITES, en collaboration avec le Groupe technique consultatif (GTS) MIKE-ETIS, a examiné les modèles qui avaient été utilisés jusqu'alors pour calculer les tendances de la PIKE, et recommandé que le modèle LSmeans soit remplacé par le modèle Bayésien linéaire généralisé mixte (GLMM), avec des résultats non-pondérés par les populations estimées d'éléphants. Un rapport technique sur les avantages des différents modèles de calcul de la PIKE est disponible sur le site internet CITES-MIKE.

La Secrétaire générale de la CITES, Ivonne Higuero, a mis en avant la bonne nouvelle de la tendance à la baisse du braconnage à travers l'Afrique, et l'importance d'un suivi à long terme des données afin de soutenir et diriger efficacement les efforts de conservation au niveau international : “La baisse continue des chiffres du braconnage montrés par la tendance de la PIKE est représentative des efforts de répression et des initiatives fortes de conservation déployés par les Parties. Si l'on ajoute à cela les résultats du Rapport mondial de 2020 sur la criminalité liée aux espèces sauvages concernant la baisse des prix de l'ivoire sur les différents marchés de destination, grâce aux mesures plus strictes mises en place, on constate que les efforts des États en matière de dissuasion du commerce illicite sont payants. Il reste cependant essentiel de maintenir ces efforts pour faire encore baisser les tendances. La mine d'informations dont recèlent les données recueillies par le travail acharné des patrouilleurs apporte une aide cruciale aux décideurs aussi bien au niveau national qu'international, en leur fournissant les informations nécessaires à une prise de décision informée qui soutienne le travail des acteurs de première ligne pour mettre fin au braconnage d'éléphants sur l'ensemble des sites MIKE et au-delà."

Le Programme MIKE de la CITES a été établi lors de la dixième session de la Conférence des Parties à la CITES (Harare, 1997). Il est géré par le Secrétariat CITES, sous la supervision du Comité permanent de la CITES.
Depuis le début de son déploiement en 2001, le Programme MIKE en Afrique a pu être mise en œuvre grâce au soutien d'un certain nombre d'États qui fournissent aussi des données tous les ans, ainsi qu'au généreux soutien financier de l'Union Européenne (EU) et d'autres donateurs, parmi lesquels le gouvernement japonais.

Depuis 2020, on dénombre 69 MIKE sites répartis dans 32 pays d'Afrique, et 30 sites répartis dans 13 États d'Asie. Le Zimbabwe a ajouté le Parc national Hwange au réseau africain de sites MIKE en 2020 et on estime que les 69 sites MIKE couvrent plus de 50% de la population d'éléphants d'Afrique sur le continent. Le Viet Nam a inclus le Parc national Yok Don au réseau MIKE d'Asie en 2020, améliorant ainsi la représentation de la population d'éléphants d'Asie dans le sud-est asiatique.

Les données agrégées du Suivi de l’abattage illégal d’éléphants ainsi que le code pour l'analyse Bayésienne GLMM non-pondérée sont disponibles sur la page du site internet de la CITES consacrée au MIKE.

Notes:

(1): Pour les sites asiatiques du programme, du fait de l'insuffisance de données transmises, les estimations les plus récentes de la PIKE dans la région sont celles qui avaient été présentées à la CoP18 par le Programme MIKE, en août 2019. Ce rapport reprend cependant l'analyse en se basant sur la nouvelle méthode.

For tout complément d'information, veuillez contacter:

Secrétariat CITES: Francisco Pérez ([email protected])