Genève, 2 août 2024 — La gestion durable des requins, des raies, des serpents, des grands félins et d’autres espèces de faune faisant l’objet d’un commerce international s’appuie sur une collaboration scientifique afin de suivre l’évolution des besoins en ce qui concerne la conservation des espèces à l’état sauvage. Il s’agit de réaliser des évaluations scientifiques des effets du commerce sur les espèces et sur leur rôle dans les écosystèmes, de tenir compte de la manière dont les espèces contribuent aux moyens de subsistance des populations et de veiller à ce que le commerce transfrontalier ne nuise pas à leur survie dans la nature.
Le 19 juillet 2024, la 33e session du Comité pour les animaux de la CITES s’est achevée au terme de sept jours de discussions d’experts sur la situation des espèces de faune inscrites aux Annexes de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Ce Comité est chargé de donner des avis et des orientations scientifiques pour éclairer la prise de décisions sur un large éventail de questions relatives au commerce international d’espèces animales, comme indiqué dans les décisions adoptées par les Parties à la CITES.
En clôture de cette session, la Secrétaire générale de la CITES, Ivonne Higuero, a déclaré : « Le Secrétariat [CITES] remercie les 331 participants à cette session, dont 205 représentants de 64 Parties et 126 représentants de 79 organisations au statut d’observateur. Votre passion et votre engagement permettent aux jeunes générations d’espérer que les espèces animales inscrites aux Annexes de la CITES pourront être préservées à l’état sauvage pendant de nombreuses années à venir. »
La 33e session du Comité pour les animaux a débuté le 12 juillet 2024, dans le cadre de la session conjointe de la 27e session du Comité pour les plantes (8-12 juillet 2024) et de la 33e session du Comité pour les animaux de la CITES (12-19 juillet 2024). Au cours de cette session conjointe (12-13 juillet 2024), les membres des deux Comités, entre autres, ont examiné les orientations préliminaires élaborées en collaboration sur les avis de commerce non préjudiciable (ACNP) préalablement publiées sur le site web de la CITES.
Après adoption de la résolution concernant les orientations sur les ACNP à la 16e Conférence des Parties à la CITES (CoP16) en 2013, et à la suite de l’atelier mondial sur les ACNP récemment organisé à Nairobi en décembre 2023, il s’agit de la première refonte des orientations sur les ACNP. Celle-ci comprend des indications d’ordre général sur la manière de mener une évaluation pour établir si l’exportation de spécimens nuira ou pas à la survie de l’espèce dans la nature, ainsi que des conseils sur de grands domaines thématiques comme les espèces migratrices, les oiseaux, les espèces aquatiques, les arbres ou les reptiles.
Pour la première fois depuis la création de la CITES, les requins et les raies ont été sélectionnés pour faire l’objet de l’étude du commerce important. Les discussions ont mis en évidence la nécessité de formuler des ACNP au niveau des stocks et de mettre en œuvre des activités de conservation sur mesure en tenant compte, pour une espèce donnée, des populations de tailles différentes d’un océan à l’autre. Le Comité a recommandé que les ACNP soient revus à raison d’une fois tous les cinq ans au maximum afin de suivre efficacement les tendances et les changements au niveau des stocks, en particulier lorsque plusieurs pays participent à la gestion d’un même stock. Après examen d’une étude sur l’écart apparent entre les données sur le commerce et les données sur les prises, le Comité a également convenu de recommandations visant à améliorer l’établissement des rapports.
Des reptiles, dont le python royal (Python regius), ont également été sélectionnés pour faire l’objet de l’étude du commerce important, et le Comité a chargé certaines Parties de fixer des quotas d’exportation prudents et l’ensemble des Parties de mettre en œuvre dans un délai de 36 mois les mesures recommandées, y compris un système de suivi fondé sur la science, l’élaboration de plans de gestion nationaux et la création de supports d’identification. Ces mesures sont essentielles pour garantir des pratiques commerciales durables et la survie à long terme de ces espèces.
Plusieurs éléments clés de la conservation et de la gestion durable de grands félins, d’espèces aquatiques, d’oiseaux et d’autres espèces ont également été abordés au cours de cette session. En ce qui concerne les grands félins, le Comité a insisté sur l’importance d’échanger des informations entre États de l’aire de répartition du léopard (Panthera pardus), examiné la question de l’élaboration de programmes de travail et de la création d’une plateforme intergouvernementale pour favoriser la conservation du jaguar (Panthera onca), et mis en exergue une étude comparative en cours sur les différents systèmes de gestion du lion (Panthera leo) appliqués par les États de l’aire de répartition de l’espèce. Le Comité a approuvé les projets de décisions proposés en vue d’appuyer la création d’une base de données sur le lion d’Afrique, ainsi que la mise au point de boîtes à outils pour examen à la 20e session de Conférence des Parties à la CITES prévue en 2025.
S’agissant des espèces aquatiques, la question de la nécessité d’élaborer des orientations pour le suivi des hippocampes (Hippocampus spp.) a été abordée, en accordant une attention particulière à la manière de distinguer les différents codes de source et en échangeant des informations sur des programmes de suivi efficaces. Le Comité a également convenu que les activités relatives au lambi (Strombus gigas), notamment l’aide apportée aux États de l’aire de répartition pour établir des ACNP reposant sur de solides données scientifiques, et la mise en place d’un système de traçabilité devraient se poursuivre au cours de la prochaine période intersessions.
En ce qui concerne les oiseaux et d’autres espèces, les membres du Comité ont convenu d’accorder la priorité à la création de supports d’identification pour les vautours d’Afrique de l’Ouest (Accipitridae spp.) et à l’adoption de paramètres de conversion pour certaines espèces de pangolins (Manidae spp.). Il a également été convenu que la question de l’utilisation de puces électroniques et d’autres méthodes de marquage pour des espèces animales de petite taille ferait l’objet d’un nouvel examen et d’une actualisation afin d’améliorer le suivi des espèces et les activités de conservation.
Six espèces, dont la crécerelle des Seychelles (Falco araeus), la perruche terrestre (Pezoporus wallicus), le mollusque Unio tampicoensis tecomatensis et l’argali de Chine (Ovis jubata), ont été sélectionnées comme possibles candidates à l’examen périodique.
Les débats ont également porté sur la conservation et la gestion d’espèces non inscrites aux Annexes CITES, dont des amphibiens, des oiseaux chanteurs et des poissons d’ornement marins. Le Comité a convenu des projets de décisions visant à recueillir des informations complètes sur les espèces d’amphibiens prioritaires et a encouragé à prendre des mesures de biosécurité pour réduire la transmission d’agents pathogènes. Le Comité a également approuvé des recommandations préconisant que les Parties mettent en œuvre des mesures pour garantir le commerce durable d’oiseaux chanteurs et a encouragé les Parties à échanger des informations sur les méthodes et les outils employés pour classer par ordre de priorité les poissons d’ornement marins qui pourraient faire l’objet de recherches et d’une réflexion plus approfondies.
En guise de conclusion à sa dernière session du Comité des animaux en tant que Président du Comité, Mathias Lörtscher, de la Suisse, a déclaré dans son allocution de clôture : « Sans la participation de chacun d’entre vous, organisations et Parties au statut d’observateur, et surtout membres du Comité, nous n’aurions pas été en mesure d’obtenir de tels résultats. Vos conseils, votre enthousiasme et vos précieuses connaissances nous ont permis de prendre de bonnes décisions en faveur de la conservation des espèces. »
Cette 33e session du Comité pour les animaux de la CITES a défini une marche à suivre précise s’agissant de la conservation et de l’utilisation durable de plusieurs espèces de faune faisant l’objet d’un commerce international. L’ensemble des résultats obtenus témoigne d’une action concertée à l’échelle mondiale en vue d’améliorer les pratiques commerciales et la gestion des espèces inscrites aux Annexes CITES afin d’assurer leur survie à l’état sauvage.
Pour plus d’informations sur la 33e session du Comité pour les animaux
Sessions précédentes du Comité pour les animaux de la CITES
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À propos de la CITES
La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) a été signée le 3 mars 1973 et est entrée en vigueur le 1er juillet 1975. Avec 184 Parties (183 pays + l’Union européenne), elle reste l’un des outils les plus puissants au monde pour la conservation de la faune et de la flore sauvages grâce à la réglementation du commerce international de plus de 40 900 espèces d’animaux et de plantes sauvages. Les espèces inscrites aux Annexes de la CITES sont utilisées quotidiennement dans le monde entier pour l’alimentation, les soins de santé, l’ameublement, l’habitat, les souvenirs de voyage, les cosmétiques ou la mode. La CITES vise à garantir que le commerce international des espèces inscrites est durable, légal et traçable et qu’il contribue à la fois aux moyens d’existence des communautés qui vivent au plus près de ces espèces et aux économies nationales, pour la santé de la planète et la prospérité des populations, à l’appui des Objectifs de développement durable des Nations Unies.
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