ALLOCUTION DU DIRECTEUR EXECUTIF DU PNUE, KLAUS TÖPFER
Excellence, distingués ministres et délégués, Mesdames et Messieurs, nous sommes très honorés de la présence du ministre de l'Agriculture, et le remercions de s'être occupé personnellement de l'organisation de cette conférence. Merci.
C'est un grand plaisir que de se retrouver ici à Santiago du Chili, à l'occasion de la 12e session de la Conférence des Parties à la CITES. On ne peut qu'admirer la beauté des Andes couronnées de neige, la riche biodiversité, la culture ancestrale et le développement économique stable de ce pays qui, à maints égards, constitue un modèle de développement durable.
Le bâtiment qui nous accueille aujourd'hui a été construit il y a 30 ans pour une conférence de la CNUCED, et symbolise un lien important. Le PNUE, dont le siège est en Afrique, est pleinement conscient de la nécessité d'associer environnement et développement économique. Comme l'a déclaré Indira Gandhi en 1972, lors d'une conférence des Nations Unies sur l'environnement humain, la pauvreté est l'élément le plus toxique qui soit. Par ailleurs, nombre des problèmes que connaissent les pauvres sont exportés par les nations développées. Nous devons oeuvrer de concert pour que le lien entre environnement et développement soit efficace, sinon nous ne pourrons pas convaincre les plus démunis de l'importance de la conservation de l'environnement.
Je souhaite la bienvenue à Willem Wijnstekers, Secrétaire général et aux nouveaux membres du personnel qui ont rejoint la CITES depuis la CdP10 d'Harare et la CdP11 de Nairobi, deux points de repère pour les délibérations de la présente session. J'espère sincèrement que cette conférence saura s'inspirer de l'esprit de Nairobi.
Je constate que le Secrétariat de la CITES a surmonté de nombreux obstacles depuis 1998 et a réussi à améliorer considérablement l'ambiance tout en parvenant à un niveau d'engagement individuel et collectif très élevé. Je tiens à féliciter le Secrétaire général des efforts qu'il a déployés pour offrir à la Convention et aux Parties le Secrétariat professionnel et synergique qu'elles méritent. Je partage l'avis de Willem Wijnstekers qui estime que tout cela a un prix qui ne devrait pas être oublié lors de vos délibérations sur le budget.
Trente ans après son adoption en 1973, la CITES s'est beaucoup développée, en taille et en envergure, puisqu'elle compte parmi ses Parties 158 des 191 membres de l'Assemblée générale des Nations Unies. Et ce développement n'est de loin pas terminé. Durant la CdP de Nairobi, j'ai eu le plaisir de constater que les Parties étaient convenues de renforcer le Secrétariat dans les deux secteurs prioritaires que sont la mise en oeuvre et le renforcement des capacités. Cette décision a entraîné des changements positifs manifestes.
Le Secrétariat de la CITES a également apporté une contribution de taille aux efforts visant à identifier les liens et à renforcer la synergie entre les accords multilatéraux sur l'environnement, une question également prioritaire pour le PNUE.
La 12e session de la Conférence des Parties à la CITES est une réunion d'importance pour la diversité biologique mondiale et pour le développement durable. Elle est l'une des quatre CdP d'accords multilatéraux sur l'environnement liés à la diversité biologique mondiale, tenues depuis que le Sommet mondial sur le développement durable s'est achevé à Johannesburg il y a deux mois. Il y a eu d'abord la réunion de la Convention sur les espèces migratrices, couronnée de succès. Avant hier, à New Delhi, Inde, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a achevé sa 8e session, qui a traité de questions essentielles intéressant la CITES, la CMS, la CDB et d'autres AME non sans rapport avec la diversité biologique, étant donné que les causes et les effets des changements climatiques sur la biodiversité et vice-versa sont étroitement liés et ne sauraient être traités isolément. Quelques jours après la clôture de notre session, nous serons à la 8e Conférence des Parties à la Convention de Ramsar sur les zones humides, à Valence, Espagne. Nous devons utiliser pleinement la synergie qui existe entre toutes ces conventions afin de donner un signal positif à la communauté des donateurs. Je constate aussi que la question de la gouvernance internationale de l'environnement et de l'importance du renforcement du PNUE et d'autres activités liées à l'environnement sera traitée sous peu par l'Assemblée générale des Nations Unies.
A l'instar du Sommet mondial sur le développement durable, cette conférence des Parties à la CITES privilégie la participation et je souhaite la bienvenue à toutes les ONG ici présentes. Nous avons besoin de divergences d'opinion et de démocratie, et de l'engagement de la société civile.
Grâce à cette réunion, la communauté mondiale CITES a l'occasion pour la toute première fois de profiter de l'élan donné à Johannesburg aux questions de conservation, d'utilisation durable et de partage des bénéfices tirés de l'utilisation de la diversité biologique. Ces questions figurent en bonne place dans les documents WEHAB du Secrétaire générale de l'ONU et, notamment dans le paragraphe 42, du Plan de mise en oeuvre du Sommet mondial sur le développement durable.
La CdP12 est une réunion importante pour d'autres raisons plus cruciales encore. Soixante propositions d'amendement des inscriptions aux Annexes I et II ont été déposées. L'ordre du jour comporte des propositions relatives à des espèces qui retiennent l'attention des medias et du public, comme les éléphants, les baleines et les requins. Mais il ne faut pas oublier la viande de brousse et d'autres questions liées à la pauvreté. Malgré ce lourd programme, la CdP doit accorder l'attention voulue à toutes les propositions à examiner, qu'elles concernent des espèces grandes ou petites, charismatiques ou non.
C'est la première fois dans l'histoire de la Convention que les Parties se réunissent munies d'une Vision stratégique qui lui montre la voie à suivre jusqu'en 2005. L'adoption de cette Vision a été l'un des grands succès de la CdP11 de Nairobi. Il est important aujourd'hui que la Convention concentre son attention sur un nombre limité d'objectifs prioritaires, compte tenu des résultats du Sommet mondial sur le dévelopement durable, de façon à :
- Renforcer les capacités des Parties de mettre en oeuvre et de faire respecter la Convention,
- Combiner conservation, utilisation rationnelle et lien avec le développement durable;
- Renforcer la base scientifique des prises de décisions;
- Réduire, voire éliminer, le commerce illicite et contribuer à l'objectif du Sommet mondial sur le développement durable qui vise à supprimer toute érosion de la diversité biologique;
- Renforcer la participation des acteurs tant internationaux que communautaires;
- Et doter la Convention d'un budget financier et administratif plus élevé et plus sûr.
Lors du Sommet mondial sur le développement durable, les gouvernements sont convenus de 35 objectifs concrets dotés de calendriers précis, dont plusieurs avaient trait à la diversité biologique. Il est important que la CITES contribue à la réalisation de ces objectifs particuliers et des autres buts de ce Sommet, tels que les initiatives relatives aux zones sensibles, à la création de corridors régionaux d'ici à 2012 et à l'établissement de rapports ONU sur l'état du milieu marin en 2004.
Lors de nos libérations au cours de cette réunion, nous devons tenter de comprendre comment, exactement, les activités de la CITES contribueront à la réalisation de ces objectifs et quelles mesures seront nécessaires pour que cette contribution se matérialise. Je relie également ces activités aux Objectifs de développement pour le Millénaire adoptés à New York in 2000 dans le but de réduire de moitié la pauvreté d'ici à 2015 et de tisser un lien entre l'environnement et le développement durable.
La CITES est un bon exemple d'accord international capable de catalyser les partenariats entre des Etats qui partagent la même préoccupation pour le sort du large éventail d'espèces qui représente l'héritage naturel de la planète Terre. Le dialogue et le respect des décisions ont toujours caractérisé la CITES.
La CITES participe donc activement à "GRASP" - une initiative de conservation et de développement mise en oeuvre par le PNUE en faveur des grands singes dans les Etats de leurs aires de répartition respectives en Afrique et des moyens de subsistance des communautés qui sont les principaux intéressés et garants de leur survie.
On se rappellera qu'en 1992, lorsque la communauté internationale s'est réunie à RIO, Ramsar avait 21 ans, la CITES avait près de 20 ans, la CMS avait 13 ans, tandis que la CDB allait naître, tout comme la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et la Convention des Nations Unies contre la désertification.
Individuellement, il ne fait aucun doute que ces accords multilatéraux sur l'environnement ont tous obtenu des succès importants. Mais la CITES, et les autres AME ne peuvent ni ne doivent agir seuls. Par exemple, une étude réalisée en 2000 a révélé que les instruments de la Convention de Bonn avaient un lien avec pratiquement tous les programmes thématiques de la CDB et les complétaient largement. Cette analyse a permis d'établir un projet de programme de travail commun entre la CDB et la Convention de Bonn, qui a été très bien accueilli lors de la CdP7 de la Convention de Bonn.
Mesdames et Messieurs, la CITES est l'un des chefs de file du développement durable. Ne l'oublions pas lors de la CdP12.Merci.