CdP 12 - ALLOCUTION DE M. JAIME CAMPOS QUIROGA


ALLOCUTION DE M. JAIME CAMPOS QUIROGA, MINISTRE DE L'AGRICULTURE DU CHILI, LORS DE LA CEREMONIE D'OUVERTURE DE LA DOUZIEME SESSION DE LA CONFERENCE DES PARTIES A LA CONVENTION SUR LE COMMERCE INTERNATIONAL DES ESPECES DE FAUNE ET DE FLORE SAUVAGES MENACEES D'EXTINCTON (CITES)

Santiago, 3 novembre 2002

Monsieur le Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement,
Monsieur le Secrétaire général de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES),
Monsieur le Président du Comité permanent de la CITES,
Excellences,
Chers collègues,
Mesdames et Messieurs les délégués,
Mesdames et Messieurs,


Au nom du Gouvernement du Chili, je vous souhaite très cordialement la bienvenue. Nous sommes très heureux de votre présence et fiers d'accueillir la douzième session de la Conférence des Parties à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction. Il s'agit à nos yeux d'un geste de reconnaissance du travail réalisé par le Chili lors de ces dernières années en vue de la promotion, de la conservation et de l'utilisation durable des ressources, tant sur le plan national que mondial.

Par le nombre de participants ainsi que par sa portée mondiale, cette réunion est sans aucun doute la conférence environnementale la plus importante jamais organisée par mon pays.

La flore et la flore d'un pays font partie de son patrimoine naturel. Elles représentent un capital qui est à la disposition de ses habitants, c'est-à-dire une composante essentielle du développement. En ratifiant la CITES, le Chili a pleinement conscience de l'importance de la préservation et de la conservation de ce patrimoine, afin de répondre notamment aux besoins de développement des générations présentes et futures de notre pays.

Pour nous, l'environnement est une composante et non pas une annexe du développement. Il serait par ailleurs totalement absurde de prétendre que développement économique et respect de la nature sont incompatibles. Aucune activité humaine ne peut avoir lieu si elle n'est étayée par les biens et les services qu'elle produit.

Je souhaiterais citer à ce propos deux phrases tirées du programme de gouvernement du Président Ricardo Lagos, car elles illustrent parfaitement l'un des principes directeurs de notre action: "...la croissance économique est tout à fait compatible avec la protection de l'environnement. Ceci a été démontré dans les pays les plus développés et il est de notre devoir de le réaliser au Chili avant qu'il ne soit trop tard."

A l'heure actuelle, le Chili dispose d'une Politique environnementale pour le développement durable qui définit un cadre moderne et adapté permettant d'assurer l'utilisation durable des ressources naturelles renouvelables.

Cette politique est fondée sur la qualité de la vie de la population, la complémentarité entre le développement socio-économique et la durabilité, l'équité sociale et la lutte contre la pauvreté. L'objectif général de notre politique de l'environnement consiste à promouvoir la durabilité environnementale du développement, en vue d'améliorer la qualité de la vie des citoyens.

Les deux semaines qui vont suivre seront très denses. Les décisions et les résolutions que nous adopterons auront des incidences pratiques sur la vie des habitants ainsi que sur l'état des écosystèmes de nos pays. La présence de plus d'un millier de délégués ainsi que de nombreux représentants de la société civile et des médias du monde entier reflètent la dimension planétaire des attentes. Je voudrais souligner tout particulièrement la forte présence de la société civile; nous attendons avec intérêt sa participation et ses apports, qui vont venir enrichir cette réunion et représenter les vues de tous les secteurs de la communauté mondiale.

Cette session de la Conférence se tient à un moment crucial. Nous entendons encore résonner dans notre esprit les échos du Sommet mondial du développement durable, qui a fait un bilan des enjeux du développement durable dans le monde entier. Le message était très clair: conservation et développement durable doivent être aller de pair au sein d'une démarche dont l'axe principal devrait être la lutte contre la pauvreté. La Conférence de Johannesburg nous montre la route et définit un plan d'action pour lequel nous devons agir avec chacun des secteurs intéressés. Nous devons tous (gouvernement, entreprises, défenseurs de l'environnement, consommateurs...) nous engager vis-à-vis du développement durable sur le plan local mais aussi mondial. La mondialisation ne nous permet plus de rester indifférents à ce qui se passe dans quelque région du monde que se soit, car tôt ou tard il s'agit de notre environnement et de la qualité de la vie de notre population, qui seront touchés par les effets positifs ou négatifs des politiques respectueuses ou destructrices de l'environnement.

La CITES s'est avérée être un outil très performant de préservation de la diversité biologique, car elle encourage la gestion durable, permet le commerce international des espèces et de leur produits dérivés lorsque les populations sauvages ne sont pas menacées et interdit le commerce de toute espèce qui, d'après des informations scientifiques solides, se trouverait menacée d'extinction.

Malgré son efficacité, prouvée par le fait qu'aucune espèce protégée par la CITES ne s'est éteinte jusqu'a présent, le commerce illicite d'animaux vivants ainsi que de leur parties et produits dérivés, tels que peaux, ivoire ou produits aphrodisiaques, a pris une telle ampleur qu'il n'est dépassé que par le fléau que représentent le trafic de drogue et celui d'armes. Il s'agit d'un enjeu très important de mise en œuvre qui ne saurait être négligé.

La conservation des espèces dans leur milieu naturel représente l'un des grands défis de notre temps en matière d'environnement. La diversité biologique est une source très importante de connaissances scientifiques, de médicaments, de mise au point de nouvelles technologies et de processus de production. Elle est surtout source d'aliments, d'abri, de revenus et d'avantages sociaux pour les habitants des pays en voie de développement mais aussi, dans nombre de cas, pour ceux des pays développés. Sur le plan national, une gestion durable des ressources devrait être mise en place afin de tirer pleinement profit de leur potentiel, paysager, de conservation et, bien évidemment, de production de biens et de services, afin de contribuer à améliorer la qualité de la vie des générations présentes et futures.

Nous constatons, cependant, que la plupart des espèces n'ont été que très peu étudiées et que les données de base sont très insuffisantes; ces travaux doivent se poursuivre et s'amplifier. Ils revêtent une importance particulière dans les pays en développement, qui abritent le nombre le plus important d'espèces. Les réservoirs de diversité biologique les plus riches se trouvent en effet sur notre continent, en Afrique et en Asie.

La coopération internationale, scientifique, technique et économique, représente un facteur clé de renforcement des capacités humaines, technologiques et d'information permettant aux pays en voie de développement de retrouver, de préserver et de gérer de façon durable leur patrimoine naturel. Dans ce cadre, la CITES illustre très bien le rôle clé que doit jouer, lors de la prise de décisions, l'échange d'informations scientifiques adaptées. En l'absence des connaissances scientifiques nécessaires à la prise de résolutions et des moyens permettant d'effectuer les contrôles appropriés, l'efficacité de la CITES pourrait se trouver très amoindrie. Nous pensons qu'il s'agit là des deux grands enjeux auxquels la Convention doit faire face à l'avenir. Malheureusement, nos craintes sont avivées par la réduction des budgets opérationnels de la CITES, ce qui ne manquera pas d'avoir des incidences lorsqu'il s'agit de veiller à la mise en œuvre de ses dispositions.

La communauté internationale et, tout particulièrement, les pays développés, principaux consommateurs et importateurs des ressources issues de la faune et de la flore sauvages, doivent assumer leur part de responsabilité et d'engagement.

Un développement durable fondé sur l'équilibre entre ses pôles économique, social et environnemental représente un atout de tout premier plan dans une planète mondialisée, où des consommateurs responsables choisissent de plus en plus des produits respectueux de l'environnement.

Certes, le commerce illicite persiste parce qu'il existe des marchés et des consommateurs. En conséquence, la sensibilisation des citoyens, fondée sur une éducation à l'environnement adaptée, ainsi que sur des campagnes de prévention et de contrôle, représente un élément clé permettant de réduire la pression exercée par le commerce illicite sur le plan mondial.

Nous allons examiner, parmi nombre d'autres questions, le statut de nombreuses espèces marines, notamment celles faisant l'objet d'une exploitation dans le cadre de la pêche. Le Chili suit de près cette évolution, qui touche de nombreuses espèces. Nous proposons la constitution d'un groupe de travail afin de définir des critères d'inscription de ces espèces, en concertation avec la FAO et des organisations régionales du secteur de la pêche.

Dans ce contexte, le Chili dispose d'un cadre réglementaire permettant de protéger les espèces aquatiques de façon appropriée. La loi générale relative à la pêche et à l'aquaculture établit notamment des conditions d'accès aux ressources, des procédures et des sanctions en cas d'infraction.

Il convient également de mentionner que, fidèle à son engagement vis a vis de la CITES, le Chili a adopté des mesures spécifiques pour les espèces inscrites aux Annexes I et II de la Convention. Ainsi, le prélèvement de spécimens de reptiles, d'oiseaux et de mammifères marins est interdit pendant 30 ans. Ceux qui prélèvent, transportent ou détiennent des spécimens d'espèces protégées par la CITES sont passibles de sanctions spécifiques et dissuasives.

Nous sommes ainsi en mesure d'affirmer formellement que la réglementation en vigueur au Chili permet de fournir, dans la pratique, une protection adaptée à toutes les espèces présentes au Chili et inscrites aux Annexes de la CITES.

Mesdames et Messieurs les délégués,

L'un des principaux défis que la communauté internationale affronte à l'heure actuelle est celui de la création de synergies entre l'environnement et le développement.

A Johannesburg, nous avons cherché des solutions susceptibles d'éradiquer la pauvreté, d'établir des modèles durables de consommation et de production et de réduire la pression subie par les écosystèmes, afin de mettre en place une démarche de mondialisation plus participative et équitable, fondée notamment sur la durabilité environnementale. Dans ce cadre, le rôle important que peut jouer le commerce dans la réalisation du développement durable et l'élimination de la pauvreté a été reconnu à Johannesburg. La CITES est probablement l'un des accords mondiaux de l'environnement ayant réussi à concilier ces éléments. Le prestige de la Convention est fondé sur le maintien de cet équilibre délicat dont dépend le développement durable des peuples de la planète.

Permettez-moi de vous souhaiter encore une fois la bienvenue dans notre pays. J'espère que nous saurons profiter de l'occasion qui nous est donnée afin d'échanger des idées sur un large éventail de sujets et, tout particulièrement, que nous allons pouvoir renforcer le dispositif de la CITES, qui représente l'une des initiatives les plus réussies de la communauté internationale en vue d'une utilisation durable des espèces et des écosystèmes.

J'espère qu'au terme de ces deux semaines nous aurons pu mener à bien les tâches qui nous ont été confiées et je forme des voeux pour que cette douzième session de la Conférence des Parties, à Santiago du Chili, reste dans l'histoire comme un jalon important dans la vie de la Convention et de tout ce quelle représente.

Je vous remercie.